Dans la ville d’Akrê, en Irak, se trouve l’un des dix camps de réfugiés syriens installés dans la région autonome du Kurdistan. Ce camp se différencie des autres puisque ce n’est pas dans des tentes mais dans une ancienne prison de Saddam Hussein, symbole de mort en son temps, que 322 familles de kurdes syriens sont installées en attendant le retour au calme de leur pays natal.
Pour accueillir au mieux ces familles en ce lieu insolite, le directeur du camp Hajar Said a fait faire quelques aménagements. Les grandes cellules collectives dans lesquelles les détenus étaient entassés par centaine ont été cloisonnées afin que chaque famille ait son espace de vie privée. Ces « studios familiaux » sont disposés sur deux niveaux tout au tour de l’immense cour intérieure de la prison qui sert aujourd’hui de cour de récréation aux enfants du camp. C’est dans cette cour de récré improvisée que ces jeunes réfugiés passent le plus clair de leur temps à s’amuser lorsqu’ils ne sont pas avec leur professeur ou en famille. Ils redonnent ainsi vie à ces lieux atypiques après des années d’horreur et d’abandon.
L’ancienne prison d’Akrê vue du ciel
Bien que les conditions de vie ne soient pas simples, les 1 422 personnes qui composent ces familles sont ici en sécurité loin des bombardements et du chaos que connaît actuellement la Syrie. C’est certainement cela qui permet à tous ces réfugiés de garder le sourire malgré leur situation. Rappelons que la guerre civile qui frappe la Syrie dure maintenant depuis 2011 et qu’elle a déjà fait 170 000 morts en trois ans.
Des camps provisoires qui prennent des allures de résidence à plein temps
Avec le conflit syrien qui semble s’éterniser la région autonome voit apparaître des problèmes économiques. Tout d’abord il est difficile pour ces kurdes venus de Syrie de trouver un emploi stable. Beaucoup d’entre eux, qui n’était pas pauvre en Syrie, se contente ici de petits jobs journaliers pour subvenir aux besoins de leur famille. Les hommes sortent tôt le matin et se postent aux arrêts de bus où parfois des chefs de chantier les récupèrent pour les embaucher à la journée. Les salaires pratiqués sont souvent dérisoires.
Le travail manque, les médicaments également. En avril dernier, le directeur du camp a dépensé 2 millions de dinars irakien (environ 1 300 euros) pour en acheter. Une dépense imprévue et conséquente dans ce pays. Mais cette somme n’est rien par rapport au 100 millions de dollars versés au total par la région autonome du Kurdistan irakien pour venir en aide aux réfugiés de tous les camps depuis 2012. De plus, la communauté internationale qui avait pourtant promis des aides financières est loin de tenir parole. Les kurdes, eux qui ont connus l’exode forcée en 1988 au temps de Saddam Hussein, ne laisseront pas tomber leur camarades syriens. Malgré les difficultés qu’ils peuvent parfois connaître eux-mêmes, ils donnent beaucoup à chaque appel aux dons. Malheureusement l’argent manque malgré tout pour offrir une vie descente à nos réfugiés. Des associations comme Rise Foundation prennent donc le relais. Cette dernière est très présente dans les camps et sachez qu’elle pourrait faire encore plus avec plus de moyens. Alors, si le cœur vous en dit, vous pouvez faire un don à cette fondation qui saura l’utiliser à bon escient pour aider ce peuple chaleureux qui est en difficulté depuis maintenant trois ans.
Ma série photos rend hommage à ces enfants qui restent souriant malgré les épreuves. J’espère que ces images vous donneront envie de vous intéresser à eux et de les aider.
Des murs qui ont connu l’horreur
Entre les murs de cette prison devenue refuge les opposants au régime de Saddam Hussein ont connu les pires traitements et tortures. Plusieurs prisons comme celle-ci étaient utilisées par les sbires de Saddam. Si vous voulez vous faire une idée du calvaire subit par ces prisonniers voici une vidéo dans laquelle un ancien détenu témoigne des supplices qu’il a connus durant sa détention.
J.P.
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